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Peter Plogojowitz


 
Modeste paysan serbe du XVIIIe siècle, qui devint mondialement célèbre post-mortem pour avoir été l'un des cas de vampirisme comptant le plus de témoignages.



Petar Blagojevic (Peter Plogojowitz étant la version autrichienne) était un inoffensif paysan serbe, qui vivait tranquillement dans son petit village de Kisiljevo, en Serbie, au début du XVIIIe siècle. Il s'éteignit à l'âge de 62 ans, en début septembre 1725. Jusque-là, rien qui ne sorte de l'ordinaire ; mais c'est après sa mort que cet homme entra dans l'histoire.


Les faits

Deux versions de l'histoire existent, toutes deux répertoriées dans le "Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, et Vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie" de Dom Augustin Calmet (1746).

Dans la première version de l'histoire, trois jours après avoir été mis en terre, le corps de Petar Blagojevic sortit de sa tombe. Au soir, il se dirigea tout droit vers sa maison, où son fils lui ouvrit : là, Petar réclama à manger. Le fils obéit immédiatement. Le mort entra alors, se restaura et repartit aussitôt. Le lendemain, le fils raconta toute l'histoire à ses voisins, et on s'attendit alors à un retour du revenant ; mais la nuit suivante fut tranquille.
     Le soir d'après, par contre, le mort apparu une nouvelle fois à son fils et réitéra la demande faite deux jours plus tôt. On ne sait pas si, cette fois-ci, le fils accepta, mais on retrouva son cadavre dans son lit au matin suivant. Le même jour, une étrange épidémie se répandit parmi les habitants de Kisiljevo : cinq ou six personnes tombèrent subitement malades, perdant toutes leurs forces et devenant anémiques. Elles moururent peu de temps après.

Dans la deuxième version, une dizaine de semaines après son inhumation, Blagojevic sortit du tombeau et rendit visite à sa femme, afin qu'elle lui "donne ses souliers". La pauvre femme terrorisée, quitta le village quelques jours après l'incident. Dans cette versions, les agressions vampiriques sont rapportées plus explicitement : Petar Blagojevic aurait visité, la nuit, des habitants pendant leur sommeil, et les aurait étouffé à tel point, qu'en huit jours, neuf personnes de tous âges décédèrent.

L'affaire devenant grave, on avertit l'officier en charge de la zone, ainsi que le curé, et on leur demande d'exhumer Petar Blagojevic sous peine de fuir le village. L'officier et le prêtre finir par accepter.
     Quand le tombeau fut ouvert, on constata un certain nombre d'éléments laissant penser que l'homme était bien un vampire :
- le corps ne dégageait aucune mauvaise odeur, malgré le temps passé sous la terre (plus de dix semaines) ;
- il paraîssait vivant et bien formé, mis à part le nez qui semblait être "un peu flétri et désséché" ;
- les cheveux et la barbe du défunt avaient poussé ;
- de nombreux ongles avaient poussé, les anciens étant tombés au fond de la tombe ;
- le corps semblait avoir mué, la peau semblait blanchâtre et morte, et une nouvelle peau apparaissait en-dessous ;
- les pieds et les mains étaient intacts ;
- du sang frais coulait de la bouche.

Les habitants, disant aussitôt que ce sang appartenait aux victimes qu'il avait fait mourir plus tôt en les étouffant, allèrent chercher un grand pieu qu'ils enfoncèrent dans la poitrine du cadavre. Du sang frais jaillit en abondance de la blessure et par les autres orifices du corps (bouche, nez et oreilles), et le mort "éjacula" ("Il rendit aussi quelque chose par la partie de son corps que la pudeur ne permet pas de nommer", d'après Calmet). On jeta alors le corps dans un bûcher, et le vampire fut réduit en cendres.


La légende

Le cas de Petar Blagojevic est entré dans la légende comme le premier cas de vampirisme historique bénéficiant d'une enquête et de rapports complets. L'officier chargé de faire le rapport, M. Frombald, fut celui qui utilisa pour la toute première fois le mot "vampire" dans un texte, de façon officielle :

"...dergleichen personen, so sic vanpiri nennen." soit en français : "... des dites personnes, qui se nomment ainsi 'Vanpir' ".

Cette histoire fut récupérée par nombre d'auteurs de l'époque et fut très vite connue dans l'Europe entière : Michael Ranft le rapporte dans son "De Masticatione Mortuorum in Tumulis" ("Des morts qui mâchent dans le tombeau") en 1728, suivis un an plus tard par le Marquis d'Argens qui en parle dans ses "Lettres Juives". En 1746, Dom Augustin Calmet consacre un chapitre au cas Blagojevic dans son célèbre "Traité sur les apparitions des anges, des démons et des esprits et sur les revenants, de Vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie et de Silésie".




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